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TRACER-HF : Effect de la Trientine au cours de l’insuffisance cardiaque à fonction systolique altérée

Majed Hassine

Contexte : La Trientine est un chélateur hautement sélectif du cuivre II. Le cuivre est un oligo-élément essentiel qui joue un rôle important dans le myocarde. Il favorise l'absorption du fer et du zinc, élimine les radicaux libres d'oxygène, sert de cofacteur pour la production d'ATP et le flux de calcium, et est un cofacteur régulateur clé pour HIF 1 et TGF.

La Trientine-HCL (INL1) est un chélateur oral du cuivre qui agit comme un chaperon du cuivre à faibles doses, rétablissant des concentrations intracellulaires normales en cuivre.

Dans des études précliniques et cliniques sur le diabète, la Trientine était associée à une réduction de l'HVG (hypertrophie ventriculaire gauche) et de la fibrose, ainsi qu'à une amélioration de la fonction mitochondriale et du métabolisme énergétique. Le rôle de la Trientine dans la cardiomyopathie, notamment dans l’insuffisance cardiaque, suscite beaucoup d'intérêt bien que son mécanisme d’action ne soit pas toujours bien élucidé.

Matériel et Méthodes : Il s'agit d'un essai multicentrique, randomisé, en double aveugle, contrôlé, réalisée chez des patients atteints d'insuffisance cardiaque chronique stable (IC) ayant une fraction d'éjection ventriculaire gauche réduite (FEVG< 40%). Le but de cette étude était d’évaluer l'efficacité et la sécurité de trois doses de trientine-HCL (INL1) par rapport au placebo.

L'étude a inclus 190 participants provenant de 27 sites en Amérique du Nord et en Chine. Les patients ont été répartis au hasard dans quatre groupes recevant soit un placebo, soit de l'INL1 à des doses de 300 mg, 150 mg ou 50 mg deux fois par jour. Les patients ont été traités pendant environ 12 semaines.

Chaque groupe comprenait environ 50 participants, dont l'âge moyen était de 57,3 ans. Environ 20 % étaient des femmes et 90 % étaient d'origine asiatique.

Le critère d'évaluation principal de l'étude était l'effet de la Trientine-HCL par rapport au placebo sur la variation proportionnelle de NT-proBNP entre le début de l'étude et 12 semaines.

Résultats : Une réduction significative du taux de NT-proBNP a été observée à quatre et huit semaines dans le groupe recevant 300 mg de INL1.

Pour les autres critères d'évaluation secondaires, les chercheurs ont observé des tendances favorables pour la trientine-HCL par rapport au placebo en ce qui concerne le remodelage inverse ventriculaire gauche, la distance de marche de six minutes et le KCCQ, en particulier chez les patients recevant une dose de 300 mg. 

De plus, les concentrations de cuivre et de fer n'étaient pas significativement différentes entre les différents groupes de traitement. La pression artérielle ainsi que la fréquence cardiaque n'étaient pas significativement affectées par l'ajout de trientine-HCL.

En conclusion, chez les patients atteints d'insuffisance cardiaque à fraction d'éjection réduite, l'ajout de Trientine aux soins habituels a été bien toléré, la dose de 300 mg réduisant de manière significative le taux de NT pro-BNP à 4 et 8 semaines, mais pas à 12 semaines.

Des tendances favorables pour la Trientine par rapport au placebo ont été observées en ce qui concerne le remodelage inverse ventriculaire gauche, la distance de marche de six minutes et le KCCQ. Des études supplémentaires sur la trientine-HCL dans l'IC sont justifiées.

Figure 1 : Critères d'inclusion et d'exclusion