Il existe au niveau des oreillettes des voies de conduction fonctionnelles mais mal individualisées anatomiquement qui permettent une conduction plus rapide et préférentielle de l'impulsion sinusale.
Ces voies sont les:
+ Faisceau internodal antérieur
+ Faisceau internodal moyen dit de Wenckebach
+ Faisceau internodal postérieur dit de Thorel qui suit la crista terminalis
+ Faisceau de Bachmann
Les trois premiers faisceaux assurent une conduction préférentielle entre les noeuds sinusal et auriculo-ventriculaire.
Le faisceau de Bachmann assure en revanche une connexion électrique entre les toits des oreillettes droite et gauche et permet de véhiculer préférentiellement l'impulsion sinusale vers l'oreillette gauche.
La durée requise pour acheminer cette conduction semble être plus courte de 40ms, ce qui se traduit par une onde P arrondie à un seul pic émoussé.
Dans le cas où la conduction est retardée à travers le faisceau de Bachmann, l'onde P est fragmentée de durée prolongée (ici voisine de 160ms) et présente une composante négative bien visible dans les dérivations inférieures (ici DIII). On peut voir en DI et DII "deux ondes P" juxtaposées séparées par 80ms signant la présence d'un bloc avancé (dit aussi de troisième degré) sur ce faisceau.
L'activation auriculaire gauche dans ce cas pourrait être amorcée par les fibres musculaires du sinus coronaire ou les fibres musculaires émanant du septum-interauriculaire antérieures et postérieures.
L'hypertrophie auriculaire gauche, de diagnostic difficile dans cette entité, peut en être associée. Elle se traduit en V1 par une composante négative d'onde P plus ample que -0.4mV, ce qui n'est pas le cas ici.
Le bloc inter-atrial est une entité rythmologique prédictive de passage en fibrilation auriculaire. C'était le cas pour ce patient sur l'enregistrement du rythme cardiaque de longue durée type Holter.